Toujours d'actualité

Publié le par L'Abondance en Savoie

je vais remettre cet article aujourd'hui car malgré que les années passent,il reste d'actualité

- A la fortune des pots

On ne voit jamais tant les politiques faire assaut de dignité, d’honneur et de probité, que lorsqu’ils sont entraînés dans les remous d’une affaire obscure qu’ils en soient les instigateurs ou les victimes. Assauts touchants, la main sur le cœur. Et il est assez plaisant de voir ces gens, qui ont marché sur tant de têtes, écrasé tant de pieds, crier prompte justice, exiger immédiate réparation. Ces hommes d’état qui portent haut le discours moralisateur, épicé d’un dédain bienséant, du moins en ce qui regarde les autres.
Tout cela est bien commun et guère intéressant. On peut cependant tirer une morale de ces spectacles à la fois désopilants et désolants (l’un tente de compenser l’autre) sans tourner autour du pot : Si certains empotés n’ont pas de pot d’autres ne sauraient en manquer. Je veux parler des pots de vin qu’on nomme plus explicitement des dessous-de-table, et plus délicatement des enveloppes.
Pot est un vieux mot dans lequel on a mis pas mal de chose. En effet quoi de plus commode que ce réceptacle des potées et potages, tous prétextes à potins, évidemment par la faute des femmes. Le pot a rempli bien d’autres usages : pot à eau, à tabac, à moutarde, à confiture, à tout ce qu’on a bien voulu mettre dedans, le pot de chambre en figurant la fonction, sinon la plus noble, du moins la plus hygiénique.
Mais à vrai dire, le sens le plus universel, et le plus délicat, est celui qui dérive du pot désignant un trou servant aux jeux de billes ou de balles, j’ai nommé le trou de balle, alias le trou du cul. Il n’y a pas de pot d’échappement, vous en conviendrez, qui puisse atteindre à cette humanité. Proust d’ailleurs l’a fait entrer en littérature, parlant de « se faire casser le pot » pour des plaisirs alors inavouables. D’où l’emploi de pot, à l’instar de cul, dans les expressions illustrant chance ou malchance, quand « avoir du pot » c’est encore « avoir du bol ». Quand « se bouger le popotin » répond aimablement à « se manier le cul ».
Revenons à nos pots de vin qui, à l’origine, ne parlaient que d’honnêtes pourboires. Mais donner à boire pour dire un grand merci n’est pas loin d’abreuver pour être mieux servi et donc assez prêt de corrompre. J’ai lu quelque part que nombre de grandes entreprises se livraient à cet exercice par-dessus ou par-dessous les tables. Qu’en Hongrie, l’université dispensait à ses étudiants l’art mineur de la corruption, comme on fait du marketing. Un récent sondage révèle qu’un Russe sur trois reconnaît verser des pots de vin. Ces pratiques éhontées sont bien évidemment inconnues en Polynésie. Et elles sont inconcevables en France.
Toutes ces histoires ne doivent pas vous empêcher d’aller boire un pot. A la santé de ces pauvres industriels, fonctionnaires et politiques (liste non exhaustive) qui, lorsqu’on découvre le pot aux roses, ont parfois du mal à se débarrasser des juges d’instruction. Ceux-là, de vrais pots de colle !

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